11 avril 2023
Publication | Actualité | Gide Africa
Les premiers vols commerciaux directs entre Israël (comptant près d'un million de citoyens d'origine marocaine) et le Maroc ont été instaurés en juillet 2021, et des accords de coopération avec l'Office national marocain du tourisme (ONMT) ont été signés afin de renforcer les connexions aériennes entre les deux pays. C’est pourquoi, en 2022, le Maroc a accueilli près de 200 000 touristes et voyageurs d’affaires israéliens, soit quatre fois plus que sur la période pré-Covid. Ces derniers ont d’ailleurs effectué ce voyage hors impératifs professionnels : pour profiter des loisirs, de la culture, en raison de leurs racines familiales… Le tourisme représente en effet un secteur déterminant pour les relations entre les deux pays et emploie près d’un Marocain sur cinq.
En sens inverse, de nombreuses délégations du monde de l'entreprise marocain (notamment via la CGEM, le principal syndicat patronal marocain) ont effectué des voyages d'affaires en Israël afin d'explorer les possibilités de coopération bilatérale.
Parmi les autres indicateurs du réchauffement des relations Maroc-Israël, la coopération en matière de recherche et d’exploitation d'hydrocarbures et le développement des partenariats dans les secteurs de l'énergie renouvelable et de l'eau sont à noter. Il y a un an, le groupe israélien Gandyr, via sa filiale Marom a signé un accord avec Gaia Energy Maroc fixant pour objectif un investissement significatif dans le secteur de l'énergie en 2023-2024.
Par ailleurs, l'un des leaders mondiaux du secteur de l'irrigation, la société Nétafim, seule société israélienne présente officiellement au Maroc depuis plusieurs décennies, vient tout récemment d'inaugurer une unité de production à Kénitra.
Plusieurs entreprises israéliennes portent également un grand intérêt pour les projets engagés dans le domaine de l'approvisionnement en eau. C’est le sens de l’alliance nouée en novembre 2022 entre les responsables de l’Office national de l’électricité et de l’eau (Onee) du Maroc et de la Compagnie nationale des eaux de l’Etat d’Israël (Mekorot), qui prévoit la réalisation d’actions de coopération dans le domaine du dessalement de l’eau de mer, sur le plan de la recherche, du développement et du renforcement des capacités. En Israël, 85 % des eaux usées étaient recyclées en 2022 et près de 80 % de l’eau potable consommée en Israël est fourni par cinq usines de dessalement d’eau de mer (selon des estimations officielles). Une tendance dont souhaite s’inspirer le Maroc pour atteindre un taux d’épuration de l’eau de 80% en 2050.
À noter que l’Office National des hydrocarbures et des Mines du Maroc (ONHYM) a également signé un accord fin 2021 avec la société Ratio Gibraltar, filiale de la compagnie pétrolière israélienne Ratio Petroleum. Cet accord porte sur la mise en œuvre de travaux de recherches d'hydrocarbures et de gaz au large de Dakhla. Ratio Petroleum détiendra 75 % des droits dans les futures licences (les 25% restant revenant à l'Etat marocain) dans une zone de 109 000 kilomètres carrés.
Sur le plan du commerce et des investissements, les deux pays portent l’ambition de quadrupler leurs échanges commerciaux pour les porter à plus de 500 millions de dollars par an. De nombreuses visites d'officiels et de membres du gouvernement israélien à Rabat depuis 2022 ont confirmé le rapprochement économique entre les deux Etats. En ce sens, le ministre marocain de l’industrie et du commerce a souligné que les accords commerciaux signés prévoient notamment des discussions pour la création de zones industrielles au Maroc, une coopération entre les secteurs privés des deux pays et l’échange d’expertise dans le domaine de l’innovation.
Enfin, l'aboutissement prochain des négociations en cours d'une convention fiscale et d'un accord de libre-échange permettront d'offrir aux entreprises des deux pays un cadre juridique plus propice aux échanges et aux investissements.
La normalisation des relations entre le Maroc et Israël a ainsi étendu les champs de coopération stratégique, notamment la réalisation de projets d’infrastructures et la création de zones d'activités. Leviers d’emplois et de gains économiques partagés entre les deux pays, ces nouveaux projets représentent également des secteurs porteurs pour la pratique du droit et des affaires entre les deux pays, sur lesquels se positionne le cabinet Gide.